Cela se passe pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le Tarn-et-Garonne, pas très loin du fief de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde. La même administration française de Vichy, la même occupation allemande. Mais un autre préfet, un autre maire, d'autres commissaires qui, eux, ne sont pas des exécuteurs des ordres nazis participant à la Solution finale, comme Papon. Des Français qui, au contraire, sauvent les enfants juifs de la déportation en les aidant à se procurer de fausses identités : «Il n'y a pas un papier que la mairie de Moissac et la préfecture de Montauban ne nous aient donné. Monsieur Darrac, secrétaire de la mairie de Moissac, me faisait venir le soir pour tamponner les premières fausses cartes. Puis il m'a dit : "Ecoutez, je ne vois pas pourquoi je fais ce travail. Prenez donc le tampon le soir, et le lendemain matin vous me le rapporterez"», témoigne Shatta Simon, la directrice de la Maison d'enfants de Moissac.
Pour sauver ces enfants condamnés à mort par les nazis, dont les parents avaient disparu, internés ou assassinés dans les camps, il fallut la solidarité des Français et le courage des scouts juifs, les EIF (Eclaireurs israélites de France), reconvertis, face à la terreur, en réseau de résistance. Tout nouveau mouvement, créé entre les deux guerres, les Eclaireurs israélites de France avaient voulu fonder une organisation de jeunesse qui, pour la première fois, ferait coexister les valeurs du scoutisme, l'attachement à la Fra