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Libération
Critique

A l'enseigne de Chandeigne

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Visite, derrière le Panthéon, d'une maison d'édition artisanale, qui, en un peu plus de dix ans, est devenue la championne incontestée de la littérature lusophone.
publié le 8 janvier 2004 à 21h47

Rue Tournefort, derrière le Panthéon, cela fera dix-huit ans que Michel Chandeigne tient sa petite Librairie Portugaise. L'atmosphère paisible de la boutique contraste avec l'agitation commerçante de la rue Mouffetard à deux pas. Livres en portugais ou en français sur le Portugal ou le monde lusophone, l'éventail est large : romans, histoires, grammaires, albums illustrés. Bon nombre sont publiés par la maison d'édition Chandeigne, fondée avec Anne Lima en 1992. Tout en un seul lieu, ou presque (les presses sont maintenant en Bourgogne), dans la tradition des éditeurs-libraires-imprimeurs parisiens. Et quelque 80 titres au catalogue. De quoi se réjouir, surtout quand on a commencé à faire de la typo «dans le plus petit atelier du monde», rappelle Michel Chandeigne. Les 4,25 m2 se situaient derrière la caisse de la librairie : «Je faisais tout de A jusqu'à Z. Y compris la reliure» (l'appellation «Michel Chandeigne» désigne toujours les ouvrages de typographie.)

Aujourd'hui, sur la table du libraire, trône un livre dont il est particulièrement fier : l'Anthologie de la poésie portugaise contemporaine, sortie à la fin de l'année dernière. Elle fut publiée dans une autre maison, mais l'auteur de l'anthologie, en bon éditeur-typographe, n'a pas pu s'empêcher de veiller au grain de la maquette : «J'ai construit ce livre comme une marqueterie. Tous les auteurs commencent sur la page de droite. Pas de mauvaise coupure, ce qui est très important pour le respect du vers. Cela a parfois