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Critique

Hitler du temps

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Robert Gellatelly mesure à l'aune des archives policières le soutien des Allemands au nazisme.
publié le 8 janvier 2004 à 21h46

Les Allemands se sont volontiers présentés comme les premières victimes du national-socialisme, thèse que défendirent, par exemple, les sociaux-démocrates aux lendemains de la guerre. Si quelques historiens l'ont soutenue, d'autres l'ont, avec plus ou moins de force, malmenée. Ian Kershaw, par la notion de pouvoir charismatique, s'est efforcé de définir l'ampleur ­ et les limites ­ du consensus. Et David Goldhagen, dans un ouvrage contesté, a insisté sur les connivences idéologiques unissant les Allemands à leur Führer. Le dossier ne cesse de s'enrichir de nouvelles pièces. Dont l'étude stimulante de Robert Gellately .

L'historien souligne que le régime, loin de s'appuyer sur la seule terreur, a réussi à s'imposer en satisfaisant un large spectre d'attentes sociales. Bénéficiant de la réduction du chômage,retrouvant un rang sur la scène internationale, l'Allemand moyen n'était pas hostile à ce que l'on pourchasse les criminels, que l'on persécute les juifs, que l'on traque homosexuels, marginaux et asociaux. De fait, l'existence des camps, avant même l'expansion des années 1940-1944 fut très vite connue, d'autant que le régime, par sa presse, en vantait les mérites. Les maires se battaient pour qu'ils s'installent dans leur commune afin d'offrir des emplois à leurs administrés. On sait, de même, que les industriels recoururent amplement au travail forcé, qu'il s'agisse de Volkswagen, de l'IG-Farben ou de Daimler-Benz. La peur du crime, savamment attisée par Goebbels, ne pouva