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Critique

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Arno Bertina prouve la littérature et la révolte en marchant, au son de fausses notes savantes.
publié le 8 janvier 2004 à 21h47

Au cas où on n'aurait pas compris avec la quatrième de couverture («Pietro di Vaglio aurait existé», «pseudo-traduction»), Arno Bertina en rajoute une couche dans sa préface, en racontant sa découverte de la Déconfite gigantale du sérieux au fond d'une bibliothèque : «Sur la page de garde, un autre nom que celui de la reliure : "Arnaldo Apostate", rayé par un archiviste plus malin que les autres et suivi d'une correction à la mine : Pietro di Vaglio.» «Arnaldo apostate», c'est-à-dire à peu près «Arnaud l'a renié», et Pietro di Vaglio, Pierre du Tamis, un type qui doit aimer passer la littérature au crible, puisque ce di Vaglio et son prétendu traducteur ne font évidemment qu'un.

Après le Dehors et Appoggio (Actes Sud), Arno Bertina, 28 ans, donne avec ce bref texte un concentré de savoir-faire et de faire savoir, alliant bonheur d'écriture et commentaires vigoureux sur la littérature actuelle. La fable est la suivante : Pietro di Vaglio est un compagnon de route des romantiques italiens tels que Foscolo ou Pellico (l'auteur de Mes prisons), mais qui, au contraire de ces deux-là, laissera sa peau dans sa lutte contre l'occupation autrichienne. Bertina en fait une sorte de Lenz büchnérien réussi, car «où Lenz ne sera pas sauvé, di Vaglio aura conquis, marchant, une vie qui lui était auparavant inaccessible». Il emprunte même à son modèle allemand la manie de refroidir ses esprits dans les fontaines publiques, voire son «cul dans l'eau, (...) rigolard comme jamais». Di Vaglio, n