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Libération
Critique

Ranimer la flemme .

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«La Fatigue», un symptôme-clé qui se réveille.
publié le 15 janvier 2004 à 22h01

En psychanalyse, la fatigue correspond à l'un des troubles fonctionnels que Freud a évoqués dans les névroses dites «actuelles», où le conflit émane de l'actualité présente du sujet et non de son histoire infantile. Maints psychanalystes s'en sont désintéressés par la suite, considérant la fatigue comme une notion légèrement désuète. Ceci jusqu'au récent retour de ce symptôme dans le champ médical et social, notamment aux Etats-Unis, comme en témoigne l'engouement pour le syndrome de fatigue chronique ou pour le burn out (tableau d'épuisement physique et psychique dont sont atteints nombre de nos contemporains dont les psychanalystes). En France, un nouvel éclairage est venu de la clinique psychosomatique à travers les travaux de l'«Ecole de Paris» (dont les pères fondateurs sont Pierre Marty, Michel de M'Uzan, Christian David et Michel Fain). L'excellente livraison de la Revue française de psychosomatique s'ouvre avec un article historique de Marty : «Aspects psychosomatiques de la fatigue» (1963). Ce texte démontre (et démonte) les deux grandes découvertes de la psychosomatique «à la française» : la «pensée opératoire» et la «dépression essentielle», notions qui éclairent de manière nouvelle un champ clinique immense allant des maux de tête au cancer, en passant par cette grande maladie moderne qu'est le stress.

On peut cependant être fatigué sans être stressé. Le héros emblématique est Oblomov, le personnage d'Ivan Gontcharov (1858). L'«oblomovisme», maladie de celui qui n