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Libération
Critique

Thirlwell, science peau

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«Politique», du jeune Anglais Adam Thirlwell, ne parle pas de politique (encore que) mais d'amour à trois, sans compter le narrateur. Rencontre entre quatre yeux.
publié le 15 janvier 2004 à 22h01

Eliminons immédiatement le suspense. Politique ne parle pas de politique. C'est un roman qui parle de sexe. De sexe, d'amour et de morale. Politique raconte l'histoire d'une rencontre amoureuse : celle de Moshe, jeune acteur anglais (il est plutôt théâtre d'avant-garde), avec Nana, jeune historienne de l'art (elle prépare une thèse sur Mies van der Rohe). Mais aussi celle de Nana avec Anjali, meilleure amie de Moshe. Moshe aime Nana. Nana aime Moshe. Anjali aime Nana. Nana aime peut-être Anjali. Vous me suivez ? Pour faire simple et ne faire de peine à personne, ils couchent tous les trois ensemble, mais évidemment, c'est compliqué. Il y a aussi Papa, «l'ange bienveillant de cette histoire». Tout le monde a une théorie sur les histoires d'amour qu'il vit au moment où il les vit (et en général une autre après). Politique raconte la théorie de Moshe ­ et celle de Nana ­ sur leur histoire d'amour, mais aussi la théorie du narrateur sur cette théorie et sur la façon de la raconter. Résumons : on a un récit, au moins deux méta-récits et un méta-méta-récit. Tout cela pourrait être très fatiguant, voire irritant et il serait exagéré de dire que le lecteur ne surprend jamais l'auteur en train de montrer comme il est intelligent, mais c'est assez rare. Au contraire, les différents récits s'emmêlent avec grâce, légèreté et bonne humeur. Sans compter des dialogues qui évoquent avec drôlerie le parler et les coutumes des jeunes de banlieue (en l'occurrence, les bobos qui habitent les ru