La bande dessinée, d'ordinaire, est sans famille. Dépourvu de généalogie, le reporter Tintin s'est réfugié auprès de Haddock et du Pr. Tournesol dans une improbable crèche. Blake et Mortimer partagent, en célibataires victoriens accomplis, un appartement londonien. Benoît Brisefer vit seul dans une grande maison vide. Quand à Bob et Bobette, ils ne sont pas les enfants de Monsieur Lambique.
Face à une situation aussi consternante, au milieu des années soixante, un auteur confirmé de l'école de Bruxelles réagit avec aplomb. Rappelons brièvement qui est Jean Graton. Né à Nantes en 1923, il vit et dessine depuis l'âge de 8 ans. Ce père de trois enfants a collaboré dès 1952 à la cultissime série des Belles histoires de l'oncle Paul dans le journal Spirou, puis est entré à Tintin où, passionné par tout ce qui peut fortifier les muscles de la jeunesse, il a fourni une série d'histoires brèves rassemblées en 1957 sous le titre Ça c'est du sport dans un album de la collection du Lombard. La même année, il crée le coureur automobile Michel Vaillant qui apparaît dans le Grand Défi, paru en album en 1959.
On connaît la suite. Ce qu'on sait moins, c'est que la propre épouse du dessinateur, Francine, s'implique dans l'écriture de la première sitcom familiale de la bande dessinée belge destiné à la revue Chez nous. La première planche de la Famille Labourdet paraît en 1965. Le décor est celui d'une petite ville paisible de la banlieue parisienne, Villeroy. Georges Labourdet, quadragénaire b