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Libération
Critique

Des guerres d'Algérie

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Civils, militaires, hommes et femmes : un recueil de visions singulières sur un conflit.
publié le 29 janvier 2004 à 22h23

«J'ai été arrêté le 15 juillet.» Avec une aiguille de fortune fabriquée avec un ouvre-boîte, avec «des fils de sa veste, fils verts, beiges et rouges qu'il retisse, [Khélifa Haroud, un harki incarcéré en 1962 à Alger] va broder son histoire pour ne pas oublier» (Jordi). Ecrire pour «refuser une perte de mémoire, c'est-à-dire une mort symbolique», c'est aussi le parti pris de cent quarante «femmes européennes», «à l'écart de la guerre parce que femmes, oubliées parce que du côté des vaincues». Ces écrits autobiographiques donnent à voir «dans chacune des mémoires (...) le paysage de plusieurs Algérie qui se superposent et semblent ne pas se connaître.» (Stora) C'est précisément à la connaissance de cette diversité qu'invite cet ouvrage, novateur par les sujets abordés et leur traitement. Les études ne cessent de passer du pluriel au singulier, du collectif catégoriel (les civils, les combattants, les intellectuels, les Juifs, les femmes) aux singularités individuelles. Ainsi, derrière la «dernière génération du feu», dont Jean-Charles Jauffret tente une typologie, se cachent de jeunes hommes qui deviennent adultes parce que «bons pour le service» et donc «bons pour les filles». Ils accèdent à la virilité par la fréquentation des BDC organisés pour éviter la morbidité vénérienne indigène. La pratique des viols insérés dans la torture est parfois aussi la première réalité sexuelle à laquelle les soldats sont confrontés. Et Raphaëlle Branche de s'interroger sur les éventuelles s