Pour Olivier de Solminihac, le ciel n'est pas ce qui risque de nous tomber sur la tête, il n'est pas non plus cet azur peuplé de saints et d'anges comme dans les tableaux de Fra Angelico. Le ciel, chez cet auteur né à Lille en 1974, et dont c'est le deuxième roman, est la matière du réel. Pas en haut, ni après ça, c'est bon pour les théologiens. Notre narrateur est du côté de la poésie. Le réel, il cherche à le pénétrer à l'aide des mots. Il a recours aux allusions, aux métaphores, aux paradoxes. Il dit, par exemple, «descendre dans le ciel». Mais il sait également leur impotence : «On ne reste pas indéfiniment dans ce purgatoire malcommode. On change. On devient. Et alors, on émerge des mots, comme font les enfants qui naissent, avec leurs cris désarmants qui suspendent et presque abolissent le langage, soit on disparaît sous les mots, dans la langue. La langue qui glisse, invisible sous la surface des mots, qui les bouge, sans que l'on sache expliquer trop comment.»
Descendre dans le ciel est un leitmotiv, ce sur quoi tourne le livre : l'action. Car le ciel a beau être réalité, il n'en est pas moins fait de vide. Un vide qui n'est pas le néant, mais l'espace invisible qu'habitent ceux qu'on aime et qui ne sont plus, un vide grâce auquel se mettent en branle tous les désirs, dansent tous les souvenirs. Il y a une soeur mort-née que le narrateur n'a pas connue, et qui hante la mémoire familiale ; il y a surtout ce père suicidé qui prouve que le ciel est bien en bas : «La lu