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Libération
Critique

Tel père, telle Freud

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La correspondance de la fille de Freud avec son amie Eva Rosenfeld montre l'étendue de l'esprit de clan dans la famille psy.
publié le 29 janvier 2004 à 22h23

Plusieurs plumes analytiques ont conjugué leurs efforts pour présenter ces lettres qui seraient probablement tombées dans l'oubli si elles n'avaient été écrites par la célèbre fille de Freud, Anna, fidèle Antigone, vestale qui a veillé jusqu'au bout sur la personne de son père et sur la science qu'il a créée. Présentées par Peter Heller, à l'époque jeune enfant en analyse avec Anna Freud, ces courtes missives sont longuement introduites par un autre analyste d'enfants, Gunther Bittner, ainsi que par le fils d'Eva Rosenfeld, la destinataire de cette correspondance, le tout (pour la traduction française) sous la houlette d'Alain de Mijolla. Cela donne un livre en deux parties composé de cent vingt pages de commentaires et de notes, appareil critique de grande qualité qui accompagne cinquante-sept lettres qu'Anna Freud écrivit entre 1925 et 1932, d'Autriche et d'Allemagne, à son amie intime de l'époque, Eva Rosenfeld.

Ce qui saute aux yeux en premier lieu, c'est le «trou» de plus de vingt-cinq ans entre la lettre n° 55 écrite par Anna Freud en décembre 1932 et les deux dernières, datées respectivement d'août 1967 et septembre 1975. Interruption qui s'explique en partie par la guerre et l'émigration en Angleterre des familles Freud et Rosenfeld (en 1936 pour les Rosenfeld, en 1938 pour les Freud) ainsi que par la mort de Freud en 1939. Mais elle tient essentiellement à la brouille qui brisa l'amitié d'Anna pour Eva, cette dernière ayant commis l'offense majeure, la transgression