Menu
Libération
Critique

Cultiver sa nature

Article réservé aux abonnés
Architecte et urbaniste, Alberto Magnaghi, en une approche sensuelle et esthétique, défend le paysage menacé par la métropole et la mondialisation.
publié le 5 février 2004 à 22h48

Habiter l'espace, on le sait, revient à maîtriser le temps. C'est encore plus vrai pour le territoire, cet espace humanisé, façonné par les générations successives et gorgé de temps historique. Mais les territoires sont désormais des lieux en danger de disparition, sous les coups conjugués de la mondialisation économique et de la propagation de la métropole comme forme unique de l'habitat humain, à n'importe quel point cardinal de la planète et quel que soit le degré du développement des sociétés concernées. Le constat n'est pas nouveau, et l'écologie plus ou moins politique y a plongé ses racines. Plat de résistance des forums alternatifs, mondiaux ou locaux, ce thème des ravages causés par l'homme au monde qui est le sien peut en l'occurrence servir d'idéologie de secours aux pouvoirs en place. A peu de frais. C'est dire combien le terrain est glissant et à quel point il est difficile d'y avancer de manière créative, tant sur le plan de la théorie que sur celui de la pratique. Dans le Projet local, Alberto Magnaghi réussit cette gageure. Né en 1941, architecte et urbaniste de formation, professeur à l'université de Florence, maître d'oeuvre d'un programme de valorisation du patrimoine local dans un ensemble de régions italiennes, il a rédigé la «Charte de la nouvelle municipalité» présentée au Forum social de Porto Alegre, puis à celui de Florence et, fin 2003, à Saint-Denis. Comme l'écrit en introduction Françoise Choay, qui en a fortement voulu la traduction, le Projet l