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Libération
Critique

Neige bien descendue

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Une drôle de fable contre l'Université, l'exil et la solitude, par David Albahari.
publié le 5 février 2004 à 22h47

A lire attentivement la quatrième page de la couverture du livre, on en apprend de belles qui changent la nature de la lecture, et conduisent à s'interroger, mais c'est trop tard, sur la posture qu'aurait un lecteur qui les ignorerait. A propos du roman il est dit : «Le narrateur de l'Homme de neige a une idée fixe : boire du jus d'orange. Venu de l'ex-Yougoslavie, il est invité comme écrivain en résidence dans une université nord-américaine.» Soit, le narrateur fait une petite fixation sur le jus d'orange, qui semble représenter à ses yeux l'essence du Nouveau Monde quand dans l'Ancien il ne pousserait que des prunes. Ces prunes, le mot Balkans (parmi bien d'autres, puisqu'il y aura une orgie de cartes), la présence, aussi tenace que celle d'un personnage, d'un Atlas historique de l'Europe centrale et orientale, ainsi que les allusions appuyées d'un professeur de géopolitique à une guerre en cours, sont les seules références au pays d'origine du narrateur, les mots Yougoslavie, Serbie, Croatie, Belgrade et d'autres lieux circumvoisins sont absents du texte, il se contente de dire «mon pays».

A propos de l'auteur, on peut lire, et c'est indéniable, que «David Albahari est un des romanciers les plus importants de l'ex-Yougoslavie. (...) Né à Pec en 1948, il vit aujourd'hui au Canada avec sa famille», et que «ses deux romans traduits en français aux Editions Gallimard, l'Appât (1999), et Goetz et Meyer (2002), ont été très bien accueillis par la critique», même si ce dernier (c