Entre «l'ancien» et le «moderne», ce n'est pas toujours l'ancien le plus classique. Yahya Haqqi (1905-1992) est considéré comme l'un des plus grands écrivains arabes du XXe siècle. Mohammed El-Bisatie, né en 1937, appartient à ce que l'on appelle «la génération des années 60», des écrivains marqués par la Révolution de 1952, les espoirs puis l'échec du rêve nassérien. Mais ce n'est que depuis une décennie qu'il a éclaté au grand jour et imposé son écriture exigeante, dense, laconique. En lisant les deux, on mesure le chemin parcouru par la littérature égyptienne. A la vitesse de la lumière. Haqqi est un conteur, un peu dans la tradition des Mille et Une Nuits. Ses romans, à commencer par le plus connu, la Lampe d'Oum Hachem, à caractère autobiographique, sont toujours des fables terminées par une morale. Le dernier de ses romans traduits en français (1) n'échappe pas à la règle. Haqqi, en bon citadin devenu un notable de la Révolution, voit dans les masses paysannes des «bons sauvages» dont les conditions de vie précaires, à la limite de l'animal, les pousse au bord d'un vice sans malice. Mais le fils de l'ex-maire, venu de la ville, remédie à tout cela: «Une vie nouvelle chemine dans notre village. Avant, ses habitants étaient plongés dans un profond sommeil. Leur existence était faite de démission, de dépendance et d'acceptation de l'injustice.» Bien entendu, il échoue, submergé par l'arriération. Le dernier roman de Mohammed El-Bisatie (2) n'est pas à proprement parler un
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