Après l'alerte «Hachette-Editis», le rapprochement, annoncé début janvier, du Seuil et de La Martinière. L'édition française vacille. Le veto de Bruxelles a enrayé le risque d'un monopole, mais l'ère des concentrations se confirme. Le Seuil, c'est un symbole. L'un des deux piliers, avec Gallimard, d'une édition plurielle et indépendante. Son rachat par les éditions de La Martinière, nouvelles venues dont la fortune s'est fondée sur le livre illustré et le succès de la Terre vue du ciel, bouleverse les hiérarchies admises. Claude Cherki (patron du Seuil) et Hervé de la Martinière, artisans de cette fusion «amicale», peuvent bien plaider qu'ils font «la preuve que deux éditeurs peuvent préserver leur indépendance en s'alliant»... «Quelle indépendance ?», s'insurge un auteur : «Le Seuil ne s'appartient plus. Il appartient aux principaux actionnaires de ce dernier, les frères Wertheimer, autrement dit à Chanel. Est-ce qu'on parlerait d'indépendance s'il avait été racheté par les chaussures André plutôt que par un autre groupe d'édition?» Dans l'ordre des élégances germanopratines, ce n'est pas la haute couture qui fait le chic, et l'alliance du Seuil avec La Martinière reste une mésalliance. Dangereuse. «En fait, juge un observateur, Le Seuil a une grosse activité de diffusion et de distribution à travers son centre logistique de Ballainvilliers, qui commercialise de nombreux éditeurs "tiers", comme Odile Jacob, Rivages, Minuit, etc. Mais, sur le plan strictement éditorial, la m
Sur le seuil
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publié le 5 février 2004 à 22h48
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