Sur la page d'accueil de son site Internet, elle fait un doigt au passant, hilare depuis l'autre rive. La mamie indigne de la littérature brésilienne s'est désassemblée le 4 février dernier à l'âge de 73 ans, à moitié inconnue chez elle (le cas n'est pas très original dans un pays qui compte peu de lecteurs) et folle comme une lapine, déclarant naguère à Libération qu'on avait pris le vagin de la princesse de Lamballe pour en faire des moustaches, que celle-ci ressemblait à sa grand-mère mais qu'il s'agissait en réalité de la femme de Talleyrand.
Le père de Hilda Hilst avait fini à l'asile psychiatrique. Plus sage, la poétesse s'était retirée de son plein gré à Campinas, à l'âge de 36 ans, dans une maison sauvage nommée Casa do Sol, après avoir été très belle, comme ses parents, et cosmopolite, comme Dean Martin avec qui elle eut une liaison vers 1957. On ne connaît d'elle en France que deux oeuvres, Contes sarcastiques (Serpent à plumes, 1994) et l'Obscène Madame D (L'Arpenteur/ Gallimard, 1997), représentatifs de sa dernière période, la prose pornographique, alors qu'elle avait jusque-là reçu les prix les plus importants et les hommages de l'Université pour sa poésie et son théâtre avant-gardiste. Mais, décida-t-elle vers 1980, elle en avait assez d'être pauvre et ignorée du grand public. «Je me suis vue écartée du centre d'une chose que je ne sais comment nommer, mais ce n'est certes pas une raison pour que, moi, Hillé, théophage incestueuse dite également par Ehud Madame