Quand on joue à la poupée, on a toujours 4 ans. Même si on est déjà mère ou grand-mère et même si on est un garçon ou un homme. Maryline Desbiolles l'écrit à sa manière, «tou- jours j'aurai quatre ans en même temps que mon âge légal», dans un livre consacré aux poupées (c'est son titre) en images et en mots. Il est publié à l'occasion d'une exposition parisienne organisée à la Halle Saint-Pierre (1). Les reproductions des oeuvres sont rangées en deux catégories. La première concerne les poupées rituelles et démarre sur la fillette de Brassempouy qui, depuis quelque 25 000 ans avant notre ère, dresse sa verticalité polie et dépouillée comme, bien plus tard, le feront les figures cycladiques et, encore plus tard, les sculptures giacomettiennes. La seconde est réservée aux poupées d'artistes et s'ouvre sans surprise sur les jeux érotiques des corps désarticulés imaginés par Hans Bellmer. Des surprises, on en rencontrera souvent au fil des pages, à l'enseigne de cette réjouissante Gina aux trois seins, une poupée à croquer avec d'autant plus d'appétit qu'elle est en pain d'épice.
Davantage qu'une vogue, la poupée demeure une passion qui déborde largement le cadre enfantin pour devenir parfois une tyrannie difficile à assouvir. Il existe ainsi, avenue Parmentier à Paris, un magasin-atelier exclusivement destiné à la réparation des baigneurs endommagés. Car les poupées qui ont été beaucoup aimées ne disparaissent jamais. Chantal Thomas, qui demande où sont les poupées, les retrouve