Eugenio Montale (1896-1981) connaissait bien la France avant que son nom ne commence à y circuler (dans les milieux bien informés évidemment) après la parution en Italie d'Os de seiche, le recueil de poésies inaugural d'un parcours qui devait se conduire, en 1975, par le prix Nobel de littérature. Mais cette connaissance, amoureuse et enthousiaste, était restée intellectuelle pour ne pas dire livresque jusqu'au premier voyage que le poète (alors âgé de 33 ans) y effectue en 1929. Auparavant, il s'était fait dresser une sorte de programme par l'inévitable Valery Larbaud, rencontré à Gênes, et qu'il avait connu à Florence où il travaillait comme bibliothécaire au cabinet Viesseux, une fondation privée d'où on le chassera à cause de son refus de prendre la carte du parti fasciste au pouvoir. Il n'y a pas que la poésie française qui passionne l'Italien (notamment Baudelaire et Valéry). La philosophie l'attire autant (Boutroux et Bergson), comme la musique (Debussy, Ravel), l'opérette et la peinture. Le jeune Montale, baryton prometteur, avait beaucoup souffert de la mort de son professeur qui l'avait contraint à abandonner le chant, et, très attiré par la peinture, il deviendra un peintre amateur accompli, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. C'est aussi à partir de 1950 qu'Eugenio Montale commence à revenir en France de plus en plus souvent, des nouvelles raisons professionnelles s'ajoutant à celle de l'amoureux captif : en 1948, le grand poète reconnu qu'il est désormais
Critique
Montale et Mauriac
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publié le 12 février 2004 à 22h58
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