Quelque chose de frivole entoure la figure de Michel Onfray, comme si on l'avait ointe de ces gels paillettés qui font scintiller la peau. On songe dès lors qu'étant celle d'un philosophe elle puis- se séduire, mais non convaincre, qu'elle irrite, enivre, chatouille, même à contre-poil, mais n'aide guère à comprendre. Pour s'être souvent exprimé sous les sunlights, ou dans des magazines dont le papier glacé n'évoque pas quelque revue de métaphysique, Michel Onfray a gagné la notoriété, mais aussi la réputation d'un penseur de salon. Comble de malheur, l'homme traite et s'entretient de plaisirs et de joies du corps : voilà qui ajoute encore au pouvoir d'appétence, à la facilité et à la pétillance de ses propos, mais, audience oblige, rend difficile la tâche d'expliquer en profondeur les arcanes de l'hédonisme, du matérialisme et de l'«immanentisme moniste». Il est arrivé à Onfray, toutes proportions gardées, ce qui est arrivé à Epicure : nul, hors les spécialistes, ne se soucie de sa théorie de la connaissance, de sa physique, mais tous, de quelques formules sur les plaisirs naturels, ont fait une philosophie digeste, ou un digest, d'hommes heureux ou de «pourceaux», érigée en règle de vie par les amateurs de bonne chère, bannie à coups de goupillon, au nom des vertus de l'esprit, par ceux qui pensent qu'on est ici-bas pour expier et souffrir.
«Duchamp avait raison d'affirmer que le regardeur fait le tableau.» On pourrait appliquer cela à Onfray : étant donné qu'il s'exprime,