Beaucoup d'entre eux gisent pour l'éternité en terre parisienne. Il y a là les dépouilles de Tristan Tzara, d' Eugène Ionesco et d'Emil Cioran, celles du sculpteur Constantin Brancusi, des peintres Victor Brauner et Jacques Hérold, du photographe Brassaï... Le cimetière du Montparnasse est l'un des coeurs du «Bucarest-sur-Seine» qui connut son apogée dans la première moitié du siècle dernier quand de nombreux intellectuels roumains choisirent la capitale française pour y vivre et y créer. Il y eut aussi un Paris des Russes, des Polonais, tant d'autres firent le même choix, Italiens, Américains, etc. Le Paris des Roumains n'en fut pas moins l'un des plus foisonnants, nourri par la passion vouée depuis le milieu du XIXe siècle par les élites moldo-valaques pour la grande soeur latine, qui, sous Napoléon III, avait aidé à la renaissance de la nation. Dans les villes comme dans les campagnes du pays roumain, Paris reste, depuis lors, la capitale de la pensée et de la création artistique, où chacun rêve un jour de se rendre.
«Pour moi, Paris a été l'idolâtrie. Mais je m'en suis lassé parce que je vieillis et la ville aussi. C'est une ville triste. Elle est abîmée. (...) Elle s'est changée en un enfer ou en un cauchemar que je ne peux abandonner. Je ne pourrais vivre autre part», racontait en 1985 Emil Cioran, qui aima autant la capitale française que cette langue dans laquelle il se coula dès 1947 en écrivant le Précis de décomposition, fasciné et un peu écoeuré par «ces mots