Flore, dont l'auteur est né à Mexico en 1960, est un étrange roman. Il utilise l'ellipse non comme une technique littéraire mais comme le coeur même de son récit : d'une certaine manière, elle est le sujet du livre. C'est un peu comme si, après les explosions d'Hiroshima et Nagasaki, on avait délégué sur place des scientifiques qui auraient rendu un rapport sur l'effet de la bombe atomique sur les plantes, laissant à d'autres le soin de s'occuper des dommages sur les humains, ou estimant mieux décrire ce désastre en ne se consacrant qu'à l'angle végétal. Il est d'abord question dans Flore d'un médicament très utilisé par les femmes enceintes et dont il s'avère qu'il provoque des malformations chez les nouveau-nés. On évoque des analyses, des expertises, d'éventuelles compensations, mais ce n'est pas le sujet du livre. «L'écrivain» est un personnage central de la narration («héros» serait un mot trop fort), mais plus elliptique que central aussi au sens géométrique, comme si le centre s'allongeait, se répandait dans tout le roman. Vivant dans le centre-ville, le personnage cherche d'ailleurs à déménager. Flore est composé d'un grand nombre de textes brefs (et de vignettes photographiques) et «l'écrivain» est absent de beaucoup d'entre eux, présent quand même à sa manière. Suivant une «très ancienne technique sumérienne», «l'idée de départ est que chaque chapitre puisse se lire séparément, comme s'il s'agissait de la contemplation d'une fleur». Chacun de ces chapitres porte le
Dans la même rubrique