La Mothe Le Vayer est un type contrariant. Déjà parce que personne ne le connaît et qu'il sort plusieurs bouquins en même temps. Ensuite parce qu'il fait exprès de contredire tout le monde et qu'en plus ça le fait marrer. Né en 1588, mort en 1672 après avoir publié une dernière cochonnerie, l'Hexaméron rustique (1), il se laisse volontiers classer par l'Université dans la catégorie «libertin érudit» tendance «sceptique», c'est-à-dire un peu au sud de Montaigne et à hauteur de Cyrano de Bergerac. Libertin érudit, c'est entendu, puisqu'il est un des quatre piliers de la Tétrade avec Naudé, Gassendi, et, par ailleurs, un ami de Molière. Sceptique aussi, car il ne jure que par la fameuse épochè pyrrhonienne la suspension du jugement tout en précisant, dans son petit traité sur N'avoir pas le Sens commun, qu'il ne s'agit pas d'une «misologie», d'un «mépris du raisonnement», mais simplement de ne recevoir les «raisons que comme vraisemblables, et telles que nous les puissions désavouer sans rougir quand nous le jugerons de saison». Il faut dire que, parmi les dix modes d'épochè que rapportent Diogène Laërce ou Sextus Empiricus, sa préférence va, indique Lionel Leforestier, au comparatisme entre «les coutumes, les lois, les croyances aux mythes et les suppositions dogmatiques», lequel engendre évidemment le relativisme.
Il semble n'être pas encore tout à fait dénoué si La Mothe Le Vayer (LMLV pour les intimes) fut plus libertin qu'érudit ou le contraire car s'il paraît bien mécr