Les troupes que la France envoya aux lendemains de la Première Guerre mondiale occuper la rive gauche du Rhin étaient en partie composées de coloniaux venus du Maghreb ou de l'Afrique noire. Ces derniers furent fraîchement accueillis par une partie de la population allemande. De fait s'affrontaient deux images inconciliables. Fière de son Empire, la France entendait offrir à l'ensemble de ses soldats quelle que fût leur couleur Ñ le droit de cueillir les lauriers de la victoire. Derrière le général Mangin, une partie de l'état-major souhaitait également saluer l'apport que les colonies avaient offert durant le conflit à la mère patrie même si l'Empire n'avait au total fourni que de 3 à 4 % des effectifs. Mais les vaincus ne l'entendaient pas de cette oreille. Ils avaient, pendant la guerre, considéré que l'emploi de troupes jugées sauvages avait représenté un coup bas, et une atteinte au droit des peuples civilisés. Ils craignaient que la proximité des femmes et de ces conscrits réputés pour leur bestialité sexuelle Ñ n'aboutisse à un métissage affaiblissant la race, que les enfants de ces coupables unions soient le produit de viols ou de relations librement consenties. De violentes campagnes de presse visèrent donc à discréditer les unités coloniales. Attisées par les ligues nationalistes allemandes, elles purent compter sur le secours paradoxal de forces de gauche, en Scandinavie ou en Grande-Bretagne notamment. Outrés par le militarisme français, les socialistes cra
Critique
La Ruhr broie du noir.
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publié le 4 mars 2004 à 23h35
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