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Libération

Du rouge au noir

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Le polar et l'extrême gauche, ou comment une génération a continué le combat en passant de la révolution à la fiction. Enquête en France et en Italie.
publié le 11 mars 2004 à 23h41

«Ces nouvelles Brigades rouges puent les barbouzes à plein nez. Ils s'en serviront contre vous pour régler leurs comptes avec le passé. Tu vas voir combien de temps ils vont mettre pour foutre en taule les réfugiés de Paris», dit Beniamino dans le Maître des noeuds. Le dernier roman de Massimo Carlotto se passe en partie à Gênes, pendant les affrontements du G8 en 2001, de même que le Blues de Sandrone de Sandrone Dazieri, sans doute parce que cet épisode a été un moment marquant pour la nouvelle extrême gauche italienne. Massimo Carlotto, écrivain de polar installé à Cagliari, a été militant de Lotta continua à Padoue dans les années 70. Sandrone Dazieri était un des animateurs du squat politique de Leoncavallo à Milan dans les années 80. Aujourd'hui, il est auteur de polars et directeur de «Gialli» Mondadori, la plus importante collection de romans policiers en Italie. Les livres de Carlotto et Dazieri paraissent ce mois-ci en France. Il y a dix jours à Bologne, la revue littéraire Carmilla, animée par Valerio Evangelisti, auteur de fantasy et spécialiste du polar, se réunissait pour préparer son prochain numéro : «La littérature de genre comme culture d'opposition» ou «Comment parler du vécu et de l'imaginaire des années 70 et 80, et pas seulement de la lutte armée ?». Ces dernières semaines, lors de l'arrestation, puis de la libération provisoire ( Libération du 4 mars) de Cesare Battisti, ancien militant des Prolétaires armés pour le communisme dans l'Italie des années