Qu'elles se nomment guerre ou révolution, réforme religieuse ou éducative, progrès médical ou in- dustriel, création littéraire ou invention mathématique, les mutations ont en commun d'atteindre le genre - la construction socioculturelle du masculin et du féminin - alors qu'il n'est pas la cible première de ces ruptures. Pour débusquer les réactions du genre ainsi malmené, l'ouvrage tourne le dos à la chronologie ; il préfère, en trente-trois contributions, analyser «les césures traditionnelles au regard d'une histoire bisexuée» et mettre «à jour la dialectique femmes/hommes qui imprime son mouvement à l'histoire» (Anne-Marie Sohn). Ces mutations sont interrogées autour de cinq thèmes : «L'ajustement des représentations et l'invention des normes», «Savoirs», «Pouvoirs et révolution», «Guerres», «Situation inédites». Ce parti pris, qui peut dérouter le lecteur, donne naissance à un livre foisonnant et original. Son intérêt majeur est de montrer la plasticité du genre : sur dix siècles, en un parcours géographique sans logique apparente - de la Bretagne au Brésil, de la Provence à la Roumanie, en passant par le Bas-Quercy - sur des sujets a priori sans lien (la mixité scolaire, les enquêtes sociales, la réforme grégorienne, le mythe de la loi salique, les mariages des religieuses, la figure de la contre-révolutionnaire, la fécondation artificielle, les neuf Preuses, l'épreuve de l'Occupation...), les auteurs confirment la bipolarité qui structure les sociétés et les capacités
Critique
Scènes de genre
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par Yannick Ripa
publié le 11 mars 2004 à 23h41
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