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Libération
Critique

Aquarelle les jeunes filles

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Les carnets d'un peintre voyageur qui a appris le chinois pour parcourir un pays, en toute lenteur, joliesse et naïveté.
publié le 18 mars 2004 à 23h48

S'appeler Simon, simplement Simon ne dit pas qui de son nom ou de son prénom a été abandonné. Simon voyage, il voyage, on peut placer ses livres sur la carte du monde, ils se lovent dans les plis des reliefs, les méandres des fleuves, les ombres des déserts et les pointillés des frontières que les hommes ont tracés, coutures indolores, blessures ouvertes ou cicatrices plus ou moins oubliées. Le Sahara, l'Inde, le Portugal, le Soissonnais, ou ici, ce Carnet de Voyage en Chine, sont montrés avec lenteur, attention, naïveté et joliesse. Car là où le photographe a besoin d'un bon millième de seconde pour enfermer une image du monde dans sa boîte, Simon prend des heures, une ou deux partagées avec ceux qu'il recopie sur son carnet de croquis. Simon est un voyageur à l'ancienne, on ne saurait dire un «écrivain-voyageur», même si ceux que l'on nomme ainsi, à leur esprit défendant, sont ses frères coureurs de monde, «peintre voyageur», peut-être, jeteur d'encres de Chine, aquarelle les jeunes filles. S'il existe des photos volées, il n'est de portraits peints que consentants, des heures passées à comprendre sans surprendre, puis offrir une copie du dessin à celles ou ceux qu'on a croqués. Simon a appris le chinois et appris des Chinois à lire et dire le portrait d'une Chine un peu convenue, parcourue sans la moindre intention d'en découdre : «Dès l'instant où je dessine quelqu'un, je cesse de le juger» (page 56 au-dessus du portrait d'une vendeuse de citrons). Et repartir comme il é