La liste des écrivains venus de Chine invités au Salon du livre de Paris est paradoxale. Fruit de longues tractations entre les autorités compétentes françaises et chinoises, Année de la Chine oblige, elle a suscité son lot de polémiques, comme en témoigne l'affaire Gao Xingjian, à propos de l'absence du prix Nobel de littérature. Mais cette liste d'auteurs soulève bien d'autres questions, à commencer par sa représentativité. Reflet des traductions de la littérature chinoise en français, elle est très marquée en terme de générations : l'absence de jeunes romanciers est criante, de ces nouveaux écrivains nés à la fin des années 70 et les années 80 dans une Chine débarrassée des outrances du maoïsme. Leurs livres caracolent en tête des meilleures ventes de romans en Chine, avec des chiffres impressionnants, touchant un public tout aussi jeune qu'eux, à cheval entre l'Internet et le roman papier. Ce phénomène échappe encore aux traductions à l'étranger, malgré les efforts considérables d'éditeurs spécialisés comme Bleu de Chine et Philippe Picquier, et les thèmes de ces récits largement nombrilistes auraient sans doute plus de mal à trouver un public avide de comprendre, au travers de la littérature, les grandes mutations de la société chinoise. Et, sur ce point, les auteurs présents à Paris sont assurément mieux armés. Même s'ils ne sont plus guère en tête des meilleures ventes en Chine, ils gardent un public fidèle qui se retrouve dans des romans à la toile de fond sociale ou
Invités et évités de la liste
Article réservé aux abonnés
par Pierre Haski
publié le 18 mars 2004 à 23h48
Dans la même rubrique