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Libération
Critique

Wang Meng, l'anti-Gao

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Pour les autorités, le prix Nobel, c'est lui. Les romans de l'ancien ministre de la Culture valent pourtant mieux que cette bénédiction officielle.
publié le 18 mars 2004 à 23h48

Pékin de notre correspondant

L'interview touche à sa fin dans le salon d'une magnifique bâtisse qui abrita autrefois le ministère de la Culture à Pékin. Wang Meng, l'écrivain que l'on appelle encore «Monsieur le ministre» dans ces lieux au charme désuet, ne peut s'empêcher de donner la ligne en guise de conclusion : «La clé pour la stabilité de la Chine, c'est la direction du Parti communiste chinois (PCC). Peu importent les critiques de l'Occident»... Wang Meng mérite assurément mieux que ça. Mais, à 69 ans et une longue carrière littéraire et politique derrière lui, il ne peut échapper à la statue sur mesure qu'on est en train de lui bâtir : il est l'écrivain contemporain «modèle» aux yeux du pouvoir, vice-président de la très conservatrice Association des écrivains chinois. Absent du Salon de Paris pour d'authentiques raisons de santé, il y aurait fait figure de «chef de délégation», et surtout, d'anti-Gao Xinjian. Chaque année, depuis que Pékin a failli s'étrangler en apprenant que le premier prix Nobel de littérature récompensant un auteur de culture chinoise était allé, en l'an 2000, à un écrivain exilé en France, le nom de Wang Meng est présenté pour laver l'affront. Depuis quatre ans, sa candidature est soumise au comité de sélection du prix Nobel par l'Association des écrivains sino-américains, un geste qui reçoit une importante publicité dans les médias chinois, même s'il n'aboutit pas.

Wang Meng lui-même refuse de réagir à cette annonce désormais rituelle : «Tout co