Menu
Libération
Critique

«S’accomplir ou se dépasser», c’est la dure loi du sport

Article réservé aux abonnés
Se dépasser n’est pas que l’affaire des athlètes de haut niveau, mais celle de la société tout entière.
publié le 25 mars 2004 à 23h56

Que drogues et sport existent au moins depuis qu’il s’est trouvé des poètes, historiens, philosophes ou moralistes pour en parler, ne semble pas contestable. Qu’ils aient fait bon (ou mauvais) ménage comme aujourd’hui, c’est probable. Il est certain en revanche que le sens des activités physiques plus ou moins sportives de l’Antiquité et celles de nos jours n’est pas tout à fait le même. A ces questions, à ce qu’a été le sport et à ce qu’il devient, Isabelle Queval consacre un ouvrage stimulant et, mieux encore, intelligent : S’accomplir ou se dépasser. Essai sur le sport contemporain. A la croisée de plusieurs disciplines, ce n’est pas une sociologie, ni même une histoire ou une philosophie du fait sportif qu’on tient à l’arrivée mais une généalogie des discours qu’on a tenus sur lui ­ traduisant une vision du monde et de l’homme qui ont changé selon les époques et les sociétés. Docteur en sciences de l’éducation, agrégée de philo, Isabelle Queval a conjugué ces différents savoirs avec une connaissance poussée (et de l’intérieur) du sport de haut niveau, puisqu’elle a fait partie de l’équipe nationale junior de tennis, qu’elle a quittée en 1983, pour se consacrer aux études de philosophie.

Un monde sépare l'athlète de l'Antiquité, par exemple le vainqueur d'un concours aux jeux d'Olympe, d'un prochain champion olympique d'Athènes : en gagnant, l'ancien entendait accomplir au mieux son humanité, alors que le contemporain mettra tout en oeuvre pour se dépasser soi-même