Laurent Cauwet et les éditions Al Dante militent depuis 1996 pour que les «inclassables deviennent des incontournables». C'est réussi y compris pour soi-même puisque cette maison spécialisée en «prose expérimentale, poésie sonore, poésie action, poésie visuelle, performance» triomphe aujourd'hui avec la publication de l'oeuvre de Federman, auteur évident, si évident que lorsqu'il l'a d'abord lu, Laurent Cauwet n'a pas pensé à l'éditer, car il était persuadé qu'un écrivain si singulier était déjà sous contrat en France. Erreur : si Federman est une star en Allemagne avec des romans, des pièces radiophoniques et même un ballet, ses rapports avec les éditeurs d'ici ne sont qu'une suite de déboires. Soit qu'ils décident de le publier puis disparaissent en lui faisant dire qu'ils sont en province (cette manie devient un épisode hilarant de la Fourrure de ma tante Rachel), soit qu'ils meurent peu après avoir promis un contrat, «à croire que je tue les gens», se demi-amuse l'écrivain. C'est Nathalie Quintane qui a d'abord trouvé les éditions allemandes (mais en français) de Federman alors qu'elle rendait visite au poète Pierre Le Pillouër. Quintane est une militante, elle adresse les livres accompagnés d'une lettre dithyrambique à ses amis. Cauwet, passé le choc de la lecture, décide de prendre le travail sur ses épaules (car il faut refaire la mise en page, la typographie, et parce que Federman ne cesse de revoir ses versions). Aujourd'hui, il jubile, alors qu'Al Dante est en bonn
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