Libération des femmes, année zéro, ainsi la revue Partisans saluait-elle en 1970 le féminisme d'alors, supposé sans passé, ni histoire. Il aura fallu trois décennies de recherches pour rendre aux féministes leur mémoire et au féminisme son identité plurielle, révélée dans sa complexité par cette riche étude, menée par 27 historiens de dix nationalités. Les féminismes, enfin libérés des caricatures, y sont définis comme des «mouvements sociaux et politiques», statut que leur refusaient leurs ennemis pour les nier dans leur essence et les combattre dans leurs actions. Malgré le caractère mouvant de leur objet, les auteurs identifient trois vagues : «Le mouvement historique» de 1914 à 1940 ; «Le nouveau mouvement des femmes», de 1970 à 1980 ; «La vague transnationale» depuis les années 90. Cette chronologie varie selon les continents : si, en Amérique latine, elle se calque sur celle des pays occidentaux, au Maghreb, les guerres de libération font rupture et soupçonnent tout féminisme d'être un produit colonial, en retardant l'émergence, contemporaine d'une contestation sociétale et politique (Zakya Daoud) ; en Iran, l'institutionnalisation en 1979 des inégalités entre les sexes par l'application des lois islamiques façonne la résistance de féministes qui empruntent la voie inattendue de l'activité sociale et politique voulue par Khomeiny (Azadeh Kian-Thiébaut).
En Occident, les féministes de la première vague réclament l'égalité des droits, qu'elles articulent avec leurs devoir