Faut-il prendre le fascisme italien au sérieux ? A une époque somme toute assez récente, Mussolini était volontiers décrit comme un César de carnaval, marionnette bouffonne qu'avait manipulée, non sans talent, le grand capital pour protéger ses intérêts. L'idée de considérer le Duce comme le chef d'un Etat totalitaire prêtait à sourire, à telle enseigne qu'Hannah Arendt lui refusa ce statut. Au grand tribunal de l'Histoire, le dictateur, au vrai, faisait pâle figure dans la galerie des monstres sinistres mais ce faisant plus crédibles que peuplaient Adolf Hitler ou Joseph Staline. Cette vision caricaturale et erronée a fort heureusement été érodée par une recherche historique dont Emilio Gentile, professeur à la Sapienza de Rome, nous offre, aujourd'hui, un remarquable panorama. Rassemblant une dizaine d'articles naguère éparpillés dans des revues scientifiques, l'ouvrage se présente comme une synthèse. Trois contributions décrivent les grandes étapes du fascisme et les grands courants d'interprétation, tout en proposant de définir un phénomène complexe, puisque le fascisme, on le sait, fut un mouvement politique autant qu'une forme de régime. Les réflexions qui suivent, en revanche, portent le fer sur les grands enjeux. Elles permettent de mesurer l'état présent de la recherche, tout en proposant une interprétation, souvent subtile et parfois polémique, de la période.
Comment, par exemple, traiter la figure du Duce, sachant que le totalitarisme repose en partie sur le po