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Libération

Le fond de l'air est Fred.

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Le héros de Vargas est renvoyé à ses histoires de famille à l'occasion d'un voyage au Canada.
publié le 8 avril 2004 à 0h09

Fulgence, «de fulgur, la foudre, l'éclair. Ou du verbe fulgeo : lancer des éclairs, luire, éclairer, briller. Au sens figuré, briller, être illustre, se manifester avec éclat». Honoré Guillaume Fulgence est l'homme qui fait vaciller le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, commissaire dans le XIIe arrondissement parisien et héros récurrent de Fred Vargas. Jusque-là plutôt protégé, Adamsberg pouvait bien piétiner dans une enquête, subir les foudres de sa hiérarchie, connaître des peines de coeur, il semblait glisser entre les doigts de la catastrophe de la même façon qu'il échappait aux gens, même ses plus proches : pas asocial mais fondamentalement solitaire, toujours à distance déconcertante des faits comme des comportements, qu'il évalue à l'aune de ses intuitions, plus réceptif au signe qu'au sens. L'homme-bulle servait de colonne vertébrale aux romans tout en les traversant tel un passe-muraille.

Sous les vents de Neptune soumet Adamsberg au chaud et au froid. Pour commencer, avec une chaudière tombée en panne par une journée glaciale d'octobre : si ces hommes supportent mal le -10°, ce qui présage mal d'un stage imminent au Canada, le commissaire aux deux montres qui n'affichent pas la même heure se laisse, lui, immédiatement happer par une de ses fameuses échappées intérieures, s'imagine au pôle Nord, transporté par «la sensation de pouvoir accéder d'un seul pas à ces glaces lointaines, de pouvoir y marcher, y creuser quelque trou pour la chasse au phoque». Mais, quelque