Dans un entretien filmé, Gary disait ironiquement que, s'il y avait quelque chose de scientifiquement fondé dans la psychanalyse, il aurait dû être (insistait-il) au moins homosexuel, tenu compte de la mère possessive, dominatrice et tyrannique qui avait été la sienne (et dont il a brossé l'étonnant portrait dans la Promesse de l'aube). Son choix d'objet sexuel ne semble pas avoir été de cette nature, encore qu'en psychanalyse homosexualité et donjuanisme ne soient pas forcément antinomiques. A propos de l'amour maternel débordant dont il a été l'objet, Gary a fait ce commentaire pertinent que la psychanalyse ne désavouerait probablement pas : «Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt ; ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. (...) Avec l'amour maternel, la vie vous fait une promesse qu'elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. (...) Vous êtes passé par la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages.» Winnicott, un pseudo de Gary ?
Myriam Anissimov s'est lancée dans une enquête extrêmement détaillée (un peu trop ?) sur un des plus grands écrivains de la seconde moitié du XXe siècle ; une stature de Nobel. Le résultat donne un gros ouvrage composé de cent seize petits chapitres, chacun assorti d'un appareil critique dans lequel les notes renvoient aux oeuvres et aux nombreux entretiens d