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Libération

La mémoire, la maison et l'Empire

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publié le 15 avril 2004 à 0h14

L'Histoire est elle aussi pourvoyeuse de non-dits criminels : «Un enchevêtrement de fantômes morts vivants, le cortège magique de toutes les tyrannies», a écrit Lídia Jorge à propos des disparus d'Argentine. Dans le Rivage des murmures (1989, traduit chez Anne-Marie Métailié comme toute son oeuvre, à l'exception de quelques titres restés inédits en France), elle traite des ravages de la guerre coloniale. Elle les a vus et vécus. Son premier mari est militaire, elle le suit en Angola et au Mozambique. Puis la révolution des oeillets fait sauter la chape de plomb salazariste en 1974. Lídia Jorge, de retour à Lisbonne, enseigne, dans l'enseignement secondaire puis supérieur, se remarie avec un journaliste. Elle milite désormais pour l'environnement.

Son premier texte, la Journée des prodiges, est paru en 1980 : elle y parle de l'Algarve, de la société rurale archaïque dont elle tente de protéger le souvenir. Elle y est née en 1946, elle a vu partir pour l'Afrique son père et son grand-père. Elle ne cesse de rendre grâce à sa mère qui, n'ayant qu'elle, a accepté qu'elle quitte la maison pour s'en aller, première de la famille, faire des études. Elle a publié neuf romans, parfois lisboètes, comme la Forêt dans le fleuve ou le Jardin sans limites. Il lui arrive d'écrire des nouvelles, ce qu'on nomme conto en portugais. Mais il n'y a pas de recueil de Lídia Jorge traduit en français : on en a un aperçu dans les anthologies Quand on aime... (Métailié, 1999) et Des nouvelles du Portug