Il nous faut bien admettre que tout livre qui se donne pour un roman est un roman. Ce sont en général des histoires inventées qui se présentent comme vraies, parfois des histoires vraies qu'on réinvente parce qu'on ne peut pas les dire toutes nues, dans ce cas, le plus souvent, on change les noms et on se croit à couvert. Ou des histoires inventées qui ne demandent pas à être crues. Ou bien, nous y voilà, des histoires entre deux eaux, dont on se moque du tiers comme du quart, du vrai comme du faux, dont on a mélangé les noms, les uns appartenant à l'Histoire, les autres à l'histoire, Dario (et non Darios) Moreno, Karl Marx, Guy Debord, Hegel, et Joan Baizepa, Jean-Luc Noyé, Jérôme Malsain, Gérard Maniaque, Dynamite Gerardo Palmas. Et même un certain Yves Tenret lui-même qui ne se nomme qu'à la page 99, mais occupe le livre depuis le début (malgré les trois premières pages écrites à la troisième personne pour donner le change), auteur, narrateur et héros du livre, grand bien lui fasse.
Sous un nom inventé, on reconnaît parfois un bon camarade lourdement habillé pour l'hiver qui n'en méritait pas tant, alors que, sous le sobriquet de Staline, on ne reconnaît personne, c'est juste qu'il a eu des parents communistes, tout le monde n'a pas cette chance. Non, mais il y a au moins deux choses indubitables dans ce livre : premièrement son titre, Comment j'ai tué la Troisième Internationale situationniste puisqu'il raconte de façon précise, vivante et irrésistiblement drôle, comment