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Libération
Critique

Déviances textuelles

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Colin Wilson, période paralittéraire. Il attire son héros au coeur d'une secte du XVIIIe siècle.
publié le 22 avril 2004 à 0h18

Héritier laïque de Chesterton, Colin Wilson demeure l'un des écrivains anglais les plus inclassables de sa génération, celle des «jeunes gens en colère», club informel dont il fit partie aux côtés notamment de Kingsley Amis. En 1956, âgé seulement de 25 ans, il publie son premier essai, l'Homme en dehors, dans lequel ce prolétaire autodidacte définit avec arrogance une sorte de nouvel existentialisme, prenant appui sur l'amer constat que notre esprit, au lieu de s'épanouir au fil des années de formation, a la fâcheuse tendance à s'appauvrir. Les portes de la connaissance se sont ouvertes à ce polygraphe impénitent qui, au mépris des modes et des courants, n'a cessé d'oeuvrer de la manière la plus éclectique. Aux romans de forme policière ­ la Cage de verre, le Tueur, l'Assassin aux deux visages ­ ont succédé plusieurs variations sur la mythologie lovecraftienne, et des romans de science-fiction ­ les Vampires de l'espace.

Mais Wilson s'est surtout fait connaître d'un large public par une série d'ouvrages encyclopédiques relatifs à l'étude du crime, des phénomènes paranormaux ou des déviances sexuelles. En 1960, il fait paraître le premier roman du cycle des aventures paralittéraires de Gerard Sorme, sorte de double de lui-même, le Sacre de la nuit. Paru dix ans plus tard, Le Dieu du labyrinthe met en scène un Sorme lancé cette fois à la recherche d'un libertin irlandais du XVIIIe, Esmond Donelly, dont un éditeur new-yorkais lui a demandé de préfacer les Mémoires. Comme souven