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Libération
Critique

L'ami de Pain.

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La mort étrange d'un poète péruvien, premier roman du Chilien Roberto Bolaño, mort prématurément l'an passé.
publié le 29 avril 2004 à 0h24

Découvrir un écrivain peu avant sa mort, prématurée de surcroît, donne le sentiment de vivre un malentendu dont le dernier mot sera toujours : trop tard. Pour l'effacer, le mieux est de lire, ou de relire, ce qui reste de lui. Les Allusifs publient Monsieur Pain, premier roman du Chilien Roberto Bolaño, mort en juillet 2003 à Barcelone, à cinquante ans, dans les plis d'une gloire naissante qui le faisait sourire et qu'il secouait du bout des doigts, d'un léger coup de mégot, avec un naturel, un humour et un désespoir discrets. Un mois avant sa fin subite, il précisait n'avoir aucune envie de «devenir le Jack Kerouac du Tiers-Monde». Depuis, il est justement devenu pour pas mal d'auteurs sud-américains ce qu'il craignait : une sorte d'étoile beatnik et distante.

Monsieur Pain a été publié en 1981. Il fut deux fois primé et vendu à quelques centaines d'exemplaires. Les prix rapportèrent 420 000 pesetas à l'auteur qui, dans un prologue écrit vingt ans plus tard, constate : «Jamais comme alors je ne me suis senti plus malheureux ni plus orgueilleux d'être écrivain.» Le roman conte comment, en avril 1938 à Paris, un magnétiseur circonspect et adepte des sciences occultes, Pierre Pain, est appelé par une femme qu'il aime au chevet d'un certain Vallejo. C'est l'époux de l'une de ses amies, Georgette. Il est en train de mourir à l'hôpital, dans des crises de hoquet. Les médecins sont incapables de diagnostiquer son mal. Pourquoi ne pas utiliser Pain ?

Bolaño s'inspire ici d'une histoi