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Libération
Critique

Espèces d'obsédés

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Cannibalisme, nymphomanie, nécrophilie... Madame le Docteur Tatiana tient le courrier du sexe animal à l'aide de la théorie de l'évolution.
publié le 13 mai 2004 à 0h36

Londres, envoyée spéciale.

Dans le dernier chapitre de son livre, Olivia Judson explique que, finalement, la sexualité n'est rien d'autre que «l'acquisition de gènes supplémentaires». Le lien entre ce mécanisme moléculaire et l'éblouissante variété de pratiques sexuelles rencontrées dans le règne animal, de l'acarien des bulbes au concombre de mer et au serpent-jarretière des plaines, n'est pas absolument évident, mais le lecteur en découvrira toute la subtilité en lisant le Manuel du Dr Tatiana.

Olivia Judson (alias Dr Tatiana, donc) vit à Londres, mais elle revient du Canada où elle tourne une série tirée de son livre. Elle s'est beaucoup amusée à y interpréter elle-même le Dr Tatiana, moulée dans un tailleur de cuir blanc, «à jupe courte». Pour les Anglo-Saxons, le nom de Dr Tatiana est une allusion transparente au Dr Ruth, l'ultra-médiatique sexologue américaine. Et le Manuel universel se présente comme un pastiche du courrier du sexe tenu depuis des décennies par le Dr Ruth. Mais, alors que cette dernière est une dame rousse d'un certain âge et d'un certain poids, Dr Tatiana est une trentenaire blonde et mince. Et, surtout, alors que Dr Ruth s'occupe exclusivement de la sexualité des humains en général et des Américains en particulier, le Dr Tatiana s'intéresse virtuellement à toutes les espèces de la création, sauf les humains, en tout cas pas directement. L'auteur a été journaliste scientifique à The Economist. C'est aussi une biologiste de l'évolution qui a de la suite