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Critique

Météor, l'étoile du métropolitain.

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La genèse de la ligne 14 analysée par Isaac Joseph, sociologue longtemps détaché à la RATP, dans un ouvrage posthume.
publié le 13 mai 2004 à 0h36

Court et dense, se gardant des jérémiades de la sociologie critique comme de l'optimisme de commande de la pensée experte, Météor, l'essai posthume d'Isaac Joseph sur la dernière-née des lignes du métro parisien, est savant, créatif et exigeant, à l'image de son auteur, soudainement disparu le 10 février à l'âge de 60 ans. Une démarche faite d'empathie et de distance par rapport à son objet devrait aller de soi dans les sciences sociales, mais cela relève surtout de la rigueur de la méthode et de la richesse des outils intellectuels. Aussi faut-il souligner la réussite d'un universitaire longtemps détaché au centre de recherches de la RATP, se trouvant dans la position délicate du sociologue qui enquête sur la maison d'accueil dont il a contribué lui-même à multiplier les capacités d'autocompréhension. En ce sens, Météor éclaire à la fois une épopée technologique et l'univers fascinant des discussions qui l'ont accompagnée à l'intérieur de la Régie, notamment le double débat au sein des intellectuels-exploitants et des intellectuels-chercheurs, tous habitués, il est vrai, aux allées et venues entre l'action et la réflexion. D'ailleurs, le livre d'Isaac Joseph se veut la suite, et un peu la réponse, de l'ouvrage de Bruno Latour sur Aramis (1), une histoire qui finit bien cette fois, car, contrairement à son ancêtre resté dans les cartons, Météor a bien vu le jour.

Démarré à la fin des années 1980, le projet d'un nouveau métro s'enracine dans les débats autour du devenir du ser