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Libération
Critique

Quatre garçons dans le bain.

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Plongée dans New-York des 50's aux 80's, après le «suicide» d'un curé pas très catholique.
publié le 13 mai 2004 à 0h36

Robert Daley est un Américain élégant qui a écrit de bons romans dont certains ont inspiré de bons films. Passons sur Grand Prix dont l'adaptation par John Frankenheimer peut être condamnée mais avec circonstances atténuantes («De mon livre n'ont été conservées que quelques répliques qu'Yves Montand a massacrées en anglais», confia un jour Daley). Retenons plutôt le Prince de New York dont l'adaptation par Sidney Lumet a gardé le caractère de constat impitoyable sur la corruption policière (1). Ou l'Année du Dragon, drame épique qui, au cinéma, fut hanté par un excellent Mickey Rourke et dirigé avec superbe par Michael Cimino. Il sera plus difficile à l'Ennemi de Dieu de devenir un film tant est ample ce roman qui brasse trente-cinq ans de l'histoire des Etats-Unis et de la vie de quatre fils de Manhattan d'origine irlandaise, quatre membres de l'équipe de natation du lycée catholique de Fordham des années 50.

En forme de flash-back, l'Ennemi de Dieu commence en 1988, la dernière année de la présidence de Ronald Reagan. Gabe Driscoll, qui fut le dossiste de Fordham Prep, est devenu un patron de la police des polices de New York grassouillet mais incorruptible. Ce jour-là, plus funeste que d'autres, il fait un tour 520 Première Avenue, à la morgue municipale, pour y reconnaître le cadavre de son copain d'enfance, le père Frank Redmond. Celui qui, trente-cinq ans plus tôt, était un champion du 200 mètres nage libre et un exemple est tombé d'un toit de Spanish Harlem. Le policie