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Libération
Critique

Orta de Goa

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publié le 20 mai 2004 à 0h42

Ecrit en portugais et imprimé en 1563 à Goa, la capitale de la vice-royauté du Portugal en Inde, traduit en latin et retraduit en sa langue d'origine, Colloques des simples a connu une diffusion planétaire aussi exceptionnelle qu'avait été la vie de son auteur, Garcia da Orta. En effet, ces Colloques ont été, pendant les deux siècles suivant la publication, le texte de pharmacopée et, pour tout dire scientifique, le plus traduit et le plus commenté, tel un véritable livre canonique pour la formation médicale occidentale. Garcia da Orta est l'exemple parfait de ces élites de la mondialisation ibérique qu'étudie Serge Gruzinski dans les Quatre Parties du monde (voire ci-contre). Juif, expulsé avec sa famille d'Espagne, il s'est réfugié au Portugal où, après s'être converti au catholicisme, il fait des études de médecine et de physique et, évidemment, de philosophie, laquelle est, dans sa version aristotélicienne, à la base de toute spécialisation. Au service du roi Jean III du Portugal comme médecin et physicien pendant quelques années, Orta quitte son pays d'adoption pour Goa où il arrive en 1534. Il continue à exercer sa profession de médecin et, en même temps, il répertorie et étudie les plantes médicinales orientales ­ aussi bien persanes, arabes, indiennes que chinoises. D'ailleurs, les «simples» du titre de ses Colloques ne se réfèrent en rien aux simples d'esprit mais aux éléments végétaux purs, basiques en somme, qui entrent dans les composés d'une pharmacopée se fonda