Menu
Libération

Huit façons de Coetzee

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mai 2004 à 0h47
(mis à jour le 27 mai 2004 à 0h47)

L'oeuvre de J. M. Coetzee, le dernier prix Nobel de littérature, né au Cap en 1940, raconte depuis toujours le malaise partout. Elizabeth Costello est sous-titré Huit leçons car son héroïne est une écrivaine australienne qui, en huit occasions diverses, a une sorte de discours à faire ou à écouter. Sous le titre «le Réalisme», la première en 1995, en Pennsylvanie, pour un prix qui lui est remis. Elle est accompagnée de son fils John, universitaire dans le Massachusetts. Qu'elle soit femme, australienne, a dû jouer dans l'attribution de la récompense. Il faut que l'écrivaine Elizabeth Costello parle dans la fiction et il faut que l'auteur J. M. Coetzee en rende compte dans son oeuvre. «Le réalisme n'a jamais été à l'aise avec les idées. (...) La notion d'incarnation s'avère ici centrale. Dans de tels débats les idées ne sauraient en effet flotter en l'air : elles sont liées aux locuteurs qui les énoncent, et générées à travers la matrice d'intérêts individuels à partir desquels leurs locuteurs agissent dans le monde ­ par exemple, le souci du fils qui ne veut pas qu'on traite sa mère comme une écrivaine postcoloniale de bande dessinée, ou le souci de Wheatley de ne pas apparaître comme un tenant de l'arrière-garde de l'absolu.» Il n'y a même pas d'absolu du malaise, de malaise théorique : il n'y a que le sien propre, individuel, dans des circonstances précises. Comment faire pour que tout le monde en profite ?

Elizabeth Costello déçoit immanquablement ses auditeurs, et est ell