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Libération
Critique

Jeux de Bengale

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Amit Chaudhuri dépeint avec fraîcheur les souvenirs de vacances d'un enfant indien.
publié le 27 mai 2004 à 0h47

En entrant dans cette novela, le lecteur a le même sentiment que le jeune Sandeep retournant chaque année à la même «étrange et sublime adresse», celui de quelque chose à la fois familier, inconnu, mystérieusement excitant. «La maison de Chhotomama avait un pomélo dans sa cour minuscule et des plantes grimpantes aux fenêtres. Un gamin se cramponnait au portail rouillé, un autre le faisait osciller d'avant en arrière. Ensemble, ils traçaient dans l'espace un petit arc de cercle.» Le lecteur met le pied dans un monde où l'aspect et les déplacements des objets, des animaux, des hommes, de la lumière, semblent indiquer leur nature profonde, secrète, attirante.

Une étrange et sublime adresse raconte des vacances à Calcutta vers la fin du XXe siècle, dans une famille de la classe moyenne. Même si le récit est fait à la troisième personne, l'histoire est vue à travers le regard, plein de désir, d'impatience, d'innocence, que Sandeep porte sur le monde. Dans l'univers de Sandeep, il y a les enfants ­ Abhi et Babla, les cousins, Chandrima, la petite voisine qui danse sur le balcon ­ et les adultes ­ le jeune oncle (chhotomama en bengali), la mère de Sandeep, la tante de Sandeep- qui n'ont pas de prénoms : ils sont désignés par des liens de parenté, des fonctions, comme des divinités domestiques et bienveillantes, dont le rôle serait de nourrir, baigner, coiffer et promener les enfants, mais aussi de les toucher et de les entourer. Quand Sandeep et Abhi jouent à la bagarre, prenant «l'