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Critique

Border line.

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François Schuiten & Benoît Peeters s'attaquent au retour des nationalismes.
publié le 3 juin 2004 à 0h54

Sur la carte du monde des cités obscures (1), continent imaginé par François Schuiten et Benoît Peeters, la Sodrovno-Voldachie, confédération soumise à une dictature militaire, occupe la partie Ouest, encadrée par Brüsel, Mylos et Pahry. C'est dans ses paysages tourmentés que se déroule la Frontière invisible. Une histoire de cartographes dont on peut lire aujourd'hui la seconde partie, et qui, en même temps, referme provisoirement le monde des cités obscures inauguré en 1983 avec «les Murailles de Samaris».

Dans le premier volet de cette histoire, le jeune Roland de Cremer, descendant d'une illustre famille de géographes, a rejoint le centre de cartographie de la Sodrovno-Voldachie, dôme monumental construit en plein désert, abritant une gigantesque maquette du pays. Quasiment oublié par le pouvoir, ce centre est réactivé à des fins politiques. Le maréchal Radisic, qui rêve d'une «Grande Sodrovnie», veut «retrouver le territoire auquel sa glorieuse histoire lui donne droit». Il fait disparaître les globes et les atlas anciens, destitue le responsable du centre pour qui chaque carte était d'abord «un condensé d'événements et de drames» pour le remplacer par des traceurs automatiques au service de ses visées expansionnistes. Le dôme doit être ouvert au public, à la manière des panoramas du XIXe siècle, pour devenir l'emblème même de son nationalisme et de ses valeurs.

La Frontière invisible traite donc du retour des nationalismes. Dissimulée à la Terre comme si elle était en ét