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Libération
Critique

Déférence d'âge.

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Un très jeune homme rencontre une dame mystérieuse. Ils unissent leurs solitudes.
publié le 3 juin 2004 à 0h54

Un regard bleu minéral, des cheveux comme un soleil et des mains de violoniste, ainsi le jeune homme de ce roman est-il vu par celle qu'il mène à sa perte. A vrai dire, c'est pure inconscience de sa part à lui, Julien, personnage relativement vide. Dans la douceur du soir, quatrième livre d'un romancier également traducteur, est le portrait d'une femme qui flambe. Le jeune homme «spectaculairement beau» n'a d'autre existence que celle qu'elle lui donne. Il a 19 ans, elle en a 49 quand ils se rencontrent. Le récit s'enclenche deux ans plus tard, et cela fait sept ans que Mathilde de Guerne, ou Mathilde Zwart, est dans la région, au fond de la France profonde.

L'auteur, quand il n'use pas du prénom de Mathilde, aime faire d'«elle» le sujet d'où partent ses phrases. Elle vit la nuit, ses insomnies sont diurnes. Elle se promène dans les bois et dans les bars. Elle boit. «Elle ne manque pas de courage, mais elle n'a jamais eu l'occasion de le manifester : juste sa capacité de résistance, ça oui.» Elle a conquis le respect des autochtones. Elle sait qu'ils l'appellent la Baronne. «On la surnomme la Baronne parce qu'elle s'habille de noir, ne se lie avec personne, et conduit une vieille Rover, noire également. Parce qu'elle a acheté, loué, emprunté, parce qu'elle habite la grande propriété à l'écart, celle qui est toujours fermée.»

Nul ne songerait à l'importuner, encore moins à entrer dans sa vie. «Cette particularité de la Baronne : personne ne lui a jamais posé de question. C'est