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Libération
Critique

Virer Debord.

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Quatre livres pour situer, resituer, et restituer le vieux situ.
publié le 3 juin 2004 à 0h54

Petit résumé pour les jeunes gens et les distraits : Guy Ernest a à peine 20 ans quand, au début des années 50, il s'inspire d'un avatar du surréalisme, le lettrisme d'Isidore Isou, et fonde sa première internationale, l'Internationale lettriste. Il réalise des films sans image et dérive, bien alcoolisé, dans les bars de Saint-Germain, en accord avec la vocation de son mouvement qui prône le dépassement de l'art par une vie sans entraves. Fin 1958, avec des amis peintres, dont certains de talent, Debord crée sa seconde internationale, l'Internationale situationniste, un mouvement artistico-politique qui prend pour cible le capitalisme et la bureaucratie, et appelle de ses voeux une révolution menée par une classe ouvrière débarrassée de ses oeillères syndicales et de ses cornacs léninistes. C'est à cette époque qu'il conçoit Mémoires avec le peintre Asger Jorn. Quelques années plus tard, en 1967, les «situs» se font connaître d'un plus large public en prenant le pouvoir dans une association étudiante strasbourgeoise, ce qui fait scandale. Ils font aussi paraître deux livres devenus des références : le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem et la Société du spectacle de Guy Debord. Dans leur revue IS, ils critiquent sans ménagement les ismes en vogue à l'époque. Le maoïsme par exemple. On peut mesurer l'influence réelle de l'IS au très petit nombre de fous de Mao qui seront guéris de leur bêtise par ces textes pourtant pertinents. Les réserv