James Joyce, né en 1882 à côté de Dublin, avait déjà publié Gens de Dublin (1914) et Portrait de l'artiste en jeune homme (1916). Quand il écrit Ulysse, entre 1914 et 1921, l'oeuvre, d'abord partiellement publiée en feuilleton dans la Little Review, une revue d'avant-garde américaine, est interdite en Irlande, en Angleterre et aux Etats-Unis. Elle est donc éditée en France à la Maison des amis des livres par Sylvia Beach, la jeune libraire américaine de Paris. Ulysse sort le 2 février 1922, pour le 40e anniversaire de Joyce.
La première traduction en français est publiée par Adrienne Monnier, l'amie de Sylvia Beach, en 1929. La page de garde annonce : «Traduction d'Auguste Morel, assisté par M. Stuart Gilbert, entièrement revue par M. Valery Larbaud avec la collaboration de l'Auteur». En fait, explique Jacques Aubert, la traduction est essentiellement de Morel. Gilbert a vérifié les faux sens, mais il n'est ni littéraire (c'est un ancien magistrat britannique) ni irlandais, un certain nombre de choses lui a donc échappé. Quant à Joyce, il s'est contenté de répondre aux questions de Morel et Gilbert. La contribution de Larbaud ne doit pas non plus «être surestimée». Il y a passé assez peu de temps. Mais, alors que Morel était «un peu trop dans le réalisme», Larbaud, écrivain, «avait une sensibilité à la langue, et aux langues». Il avait un côté cosmopolite qui allait bien avec Ulysse.
Cette première traduction connaît toutes les péripéties possibles. A un moment, Joyce, approuv