Un gars rangé se fait emballer par une beauté éméchée qui lui offre le meilleur coït qu’il ait connu depuis des lustres : jusque-là, on est en terrain familier. Les losers irradiés par une bombe sexuelle, Jim Nisbet fait ça à merveille, cf. Stanley dans Prélude à un cri, son précédent roman, paru il y a sept ans. Mais, ensuite, rien à voir : à peine la belle Renée tuée d’une balle (toute fin du premier chapitre), voilà Danny le tranquille encadreur de tableaux embringué dans une comédie de mœurs grinçante et délirante, mais bien moins désespérée que les cauchemars yeux ouverts pour lesquels on vénère l’auteur d’Injection mortelle ou de Sous le signe du rasoir. Danny est évidemment dans la mouise : d’abord, un flic partisan de «l’insalata mista métaphorique», «nouvelle technique d’interrogatoire qui ne laisse de traces que sur la psyché», l’accuse de viol et de meurtre ; ensuite, il est kidnappé et menacé de sodomie au godemiché par une ombre au fort accent cajun parallèlement, les cadavres commencent à s’amonceler ; là-dessus, il découvre que ce déferlement de violence est à imputer à un manuscrit antique dont il n’a jamais entendu parler mais que sa flamme d’un soir est censée lui avoir donné... Un billard à bien plus de bandes qu’il n’en faut pour perdre la boule mais où Danny rebondit toujours, une pulp fiction où un quarteron de Pieds Nickelés rivalise de dialogues impeccables (la copine superriche à Danny : «Chéri, pourquoi irais-je lire Proust alors que je
Critique
Un Nisbet bien charpentier
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publié le 10 juin 2004 à 0h59
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