«Tchékhov inédit», indique Gallimard sur son volume de 38 nouvelles. Ce n'est qu'à moitié vrai. Toutes ne sont certes pas inédites. Mais tant pis : ce sont vraiment des textes de Tchékhov, du bel et bon Tchékhov, drôle et émouvant, qu'on est heureux de lire.
«Il a compris» est une des nouvelles centrales du recueil le Malheur des autres. Ce que raconte l'écrivain russe né en 1860 et mort il y a cent ans, le 2 juillet 1904, aussi bien dans son théâtre que dans sa prose, est ce que ses personnages saisissent de leur propre vie, de ce qu'elle est devenue. Dans ce bref texte, un moujik a illégalement tué un oiseau sur les terres d'un propriétaire terrien que cela mécontente extrêmement. Le coupable est incapable de se justifier, la police va arriver, il a fait ça sans vraie raison, par faiblesse, et ces explications qui n'en sont pas ne font que renforcer la colère de l'autre. Il n'a pas pu s'empêcher, «c'est une maladie. Tout comme la boisson». Le moujik continue : «La boisson, y a pas à dire. Vous comprenez vous-même, vu votre amour de l'humanité, la faiblesse que c'est.
Le lieutenant-colonel comprend, non par amour de l'humanité, mais par expérience.» Et il flanque «le Boiteux» dehors, le sauvant. « Dehors et que je ne t'y reprenne plus !
Le petit moujik a compris.» Dans la nouvelle suivante, d'une dureté étonnante même pour Tchékhov, une veuve va comprendre comment elle aimait son mari après lui avoir fait bien comprendre comment elle ne l'aimait pas dans la page précédente, p