La plus vieille peine du monde est en train de mourir en France. Il faut se réjouir ; il n'est pas nécessaire, pour autant, d'être dans l'admiration. C'est un rattrapage. De la grande majorité des pays d'Europe de l'Ouest, la France a été un des rares, depuis vingt-cinq ans, à n'avoir pas un instant vécu à gauche. De là, sur bien des points, d'étonnants retards. On s'efforce actuellement de se réaligner sur un profil moyen. La justice pénale dépassait, si j'ose dire, d'un coupe-tête. On le supprime. Bien.
Mais ici, comme ailleurs, la manière de supprimer a au moins autant d'importance que la suppression. Les racines sont profondes. Et bien des choses dépendront de la façon dont on saura les dégager.
Si la mort, pendant tant de siècles, a figuré au sommet de la justice pénale, ce n'est pas que les législateurs et les juges étaient des gens particulièrement sanguinaires. C'est que la justice était l'exercice d'une souveraineté.
Cette souveraineté devait être une indépendance à l'égard de tout autre pouvoir : peu pratiquée, on en parlait beaucoup ; elle devait être aussi l'exercice du droit de vie et de mort sur les individus : on la passait alors plus volontiers sous silence dans la mesure où elle était régulièrement manifestée.
Renoncer à faire sauter quelques têtes parce que le sang gicle, parce que ça ne se fait plus chez les gens bien et qu'il y a risque, parfois, de découper un innocent, c'est relativement facile. Mais renoncer à la peine de mort, en posant le principe que nu